TAKO TSUBO

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  • 20 avril 2018

TAKO TSUBO, 2018

Collaboration avec L’atelier Gamil
Verre soufflé – Acier
87×19,5×18,5 cm

Tako Tsubo, ou l’histoire d’une forme qui contenait en elle la mort, la vie, l’animal et l’amour. À l’origine, le Tako Tsubo, qui signifie en japonais “piège à poulpe”, est un instrument permettant de pêcher la pieuvre. Au Japon, et sur tout le pourtour de la Méditerranée, les pièges à poulpe prennent la forme de pots en terre cuite, laissés plusieurs jours dans les fonds marins afin de capturer l’animal. Dans les années 1980, ce terme est alors employé par les cardiologues japonais pour décrire au mieux le “Syndrome du cœur brisé”. En effet, un ensemble de recherches amène à conclure qu’une décharge émotionnelle trop forte provoquée par les hormones du stress pourrait engendrer une déformation du ventricule gauche du cœur due à un afflux sanguin intense. Cette recherche montre aussi que les syndromes du “Tako Tsubo” ressemblent étrangement à ceux de l’infarctus sans pour autant n’avoir aucune artère endommagée. Celui-ci ressentirait alors une forte douleur dans la poitrine, la sensation d’avoir “mal au cœur”. On peut alors observer sur les radios la forme que prend le cœur qui s’apparente de manière très significative au fameux piège à poulpe. Il est intéressant d’observer que cette forme s’apparente irréfutablement à celle d’un autre objet, utilisé bien plus fréquemment dans notre société : l’urne funéraire. Ce vase dans lequel nous enfermons l’âme « poussièrale » des gens que nous aimons. Mais le plus intéressant est de se demander si la forme de l’urne funéraire ne proviendrait- elle pas directement du Tako Tsubo ? Une façon d’emprisonner l’âme comme on emprisonne le poulpe, et de s’assurer de garder ce qu’il nous reste de l’être aimé. Ce travail de verre soufflé couvert de débris de pierres que j’ai ramassé pendant mes voyages, entre cœur de pierre et cœur brisé, évoque le lien si simple et si fragile qu’il existe entre se nourrir, vivre, aimer et mourir.